Bonjour à toutes et tous!
Après les 4 saisons, voici aujourd’hui une deuxième série de trois robes issues de notre performance « Back to Pagan ».
Photographie : Alexandra Banti
Modèle : Lanivia, Tamara, Sirithil
Coiffure : Margaux Genest
Maquillage : Vanessa Brooke Lopez
Dans les mythologies anciennes, les Nornes sont en quelque sorte les équivalents nordiques des Moires.
Alors que ces dernières tissent les fils de vie, les Nornes elles, à l’abri de l’arbre Yggdrasil gravaient dans le bois une rune prophétique annonçant la destinée de chaque nouvelles vie.
Les trois robes ont été réalisées dans le même tissu, un crêpe de coton blanc teinté à la main au thé afin de lui donner une légère teinte naturelle beige. Chacune est ensuite travaillée individuellement selon sa symbolique propre autour du tressage de cuir. Comme un clin d’oeil aux Moires, les trois Nornes sont reliées entre elles aux poignets par des liens en cuir, sur lesquels sont attachées des runes gravées puis peintes à la main dans du bois fumé.
Je voulais donner à ces trois robes un aspect mystique global pouvant évoquer à la fois des prêtresses gréco-romaines, nordiques ou japonaises.
Le devant de la robe centrale, « Norne originelle », est basé sur un col kimono inversé, comme une coupe déversant les fils de vie. Ces liens en cuirs verticaux sont entrelacés de tressages horizontaux sur le décolleté et les épaules, tels une armure délicate à la fois ornementale et protectrice.
Le fil de cuir central est orné de la rune « Berkano » de la naissance, gravée et peinte à la main en blanc dans du bois fumé.
Si le devant est lui symétrique, le dos se ferme par des pans superposés d’où s’échappent une traîne légère en cascade réalisée dans une mousseline plissée blanche.
Pour les deux autres robes du trio, je voulais avoir une base similaire simple se fermant comme un kimono.
La robe « Norne de la vie » s’inspire des sanctuaires japonais shintos où la nature est élevée au rang du divin. Elle se ferme grâce à des cordes en cuir tressé réalisées à la main pendant de nombreuses dizaines d’heures, rappelant les « Shimenawa », cordes naturelles en paille de riz utilisées en haut des toris ou autour des arbres sacrés. Celles ci sont souvent ornées de « Shide » des amulettes de papier pliées en zigzag. Je me suis également inspirée de ces dernier pour orner le devant de la robe, grâce à des bandes de coton superposées reprenant le système de pliage et la forme.
La pointe de la robe est une fois de plus ornée d’une rune gravée et peinte à la main dans le bois, « Wunjo », la rune de la joie et de l’harmonie.
Complétant le trio Norne Originelle et Norne de la Vie, la Norne de la mort s’inspire elle du bouddhisme, religion japonaise liée au culte des ancêtres.
Le pan droit de la robe est superposé sur le pan gauche, à l’instar des kimonos dont sont habillés les défunts. La robe est fermée par des ceintures en cuir tressé reprenant les motifs exacts du « Shutara », ornement sacré en cordelettes de soie tressées porté lors de cérémonies bouddhistes.
Les manches fines en mousseline de soie sont attachées à des épaulettes rappelant certains habits traditionnels japonais.
Car à l’aube du crépuscule, Vie et Mort entrelacent leurs mains, fluide filin de vie sous les branches entremêlées du Grand Arbre.