Blog: Brume – De la Légende au Mythe (Part 1)

 

Bonjour à toutes et tous!

C’est depuis mon lit où je suis retranchée depuis quelques jours que je vous écris aujourd’hui, car il semblerait qu’après le mois et demi de folie que j’ai passé en France,
la Fatigue avec un grand « F » aie enfin décidé de me rattraper.
Ceci dit, depuis le temps que j’attends le moment propice pour revenir sur cet évènement, et trouver les bons mots pour vous le compter, il me semble que cette journée pour le coup bien brumeuse (dehors comme dans mon cerveau) pourrait s’avérer au final être le bon.
Allez, je me laisse donc bercer dans cet état semi-éveillé, accompagné des gouttes de pluies sur le toit et je vais tâcher de vous raconter tout cela.

Tout a commencé en novembre dernier, lorsque j’ai décidé de sauter le pas et de me lancer dans cette aventure folle qu’est la création et l’organisation d’un défilé à l’autre bout de la France et même au delà puisqu’il s’agissait de la principauté de Monaco, le tout seule bien sûr, et depuis le Japon pour rendre la chose encore plus facile!

Heureusement j’avais déjà en stock un bon nombre de robes (sept pour être exacte), pour la plupart des créations personnelles, qui attendaient sagement leur moment pour se mouvoir sous la lumière des projecteurs, mais comme je ne me contente jamais de la facilité,
j’ai tout de même décidé de créer trois robes supplémentaires, et pas des moindres,
surtout pour deux d’entre elles qui seraient le final du défilé, la troisième étant une robe pour moi que je voulais plus « sobre » car il aurait tout de même été fort dommage que la créatrice du défilé vienne saluer dans une robe achetée à la dernière minute chez « Z*** » ou « H&* »,
comme il aurait été incongru de se montrer dans une full robe historique bien imposante.

Bref, le plan était là, les inspirations, les envies aussi, mais la sempiternelle épée de Damoclès du « temps restant » était bien présente également, mon meilleur ennemi invisible qui me course sans cesse mais me pousse à me dépasser.

Si entre novembre et début janvier le thème et la ligne de vie de ce défilé étaient déjà tous tracés dans ma tête, les dessins des nouvelles robes à créer couchés sur le papier,
une bonne partie des tissus nécessaires achetés, il a fallu que je ronge mon frein car mon carnet de commandes était lui aussi bien rempli : j’avais donc calculé que je pourrai me dégager 2 mois et demi de travail pour ces nouvelles créations à partir de début janvier, mais si dans l’absolu cela peut paraître beaucoup, aux vues des challenges techniques que je m’étais lancés cela ne me semblait vraiment pas de trop.
Oui, car au programme m’attendaient entre autres des matières jamais utilisées jusque là comme le stretch (le cauchemar refoulé de la corsetière qui aime les tissages bien rigides!), des mètres et des mètres de couture à la main, du perlage, de la teinture en dégradés,
de la modélisation et de la confection en 3D très géométrique, etc, etc…

Et puis au delà de tout ça, la peur de se donner beaucoup pour au final ne pas réussir à réaliser de mes mains ce que j’avais dans la tête et qui m’obsédait…car chaque création est en effet comme une envie, un besoin viscéral de voir naître de manière physique une image qui me trotte dans la tête. Et suivant les projets, cette image trotte tantôt d’un pas léger,
tantôt de pas lourds et assourdissants.
Si la création est avant tout un plaisir elle est aussi obsessionnelle,
une obsession dans laquelle il fait bon se lover,
mais attention à ne pas se faire dévorer de l’intérieur,
l’obsession est gourmande et en veut toujours plus…là est mon problème, mais…bref.

En plus de la création même des robes, il a fallu aussi réfléchir à la mise en scène,
rechercher les modèles, discuter et se mettre d’accord sur les maquillages et les coiffures,
sur la musique, et enfin une partie aussi prenante que pesante, s’occuper de toute la logistique, dont je ne vous parlerai pas car cela n’a rien de passionnant, mais sachez juste qu’en terme de quantité ce fut au moins une bonne moitié du travail d’organisation abattu dans les mois précédents le défilé.

inspirations maquillage brume
aperçu de notre tableau secret pour les robes finales

 

 

Parlons donc de la partie plaisir, et de mes échanges avec
Vanessa, mon amie maquilleuse chez Chanel Beauté
qui s’est proposée de venir depuis L.A. pour le défilé
(proposition qui ne se refuse pas), et avec Margaux,
dont j’avais pu apprécier le travail à de nombreuses reprises sur la toile, mais que je n’avais encore jamais rencontrée.
La plupart de nos échanges se sont fait via des tableaux Pinterest, où chacune pouvait épingler ses propres inspirations assorties de commentaires, précédés ou suivis de discussions par mail ou par Skype (pensée spéciale pour Margaux et notre conversation du 1er janvier 2015 à la suite d’une nuit blanche).

 

Concernant ma recherche de modèles, la difficulté principale pour moi était de trouver des modèles originaires du sud, et/ou prête à se déplacer, mais j’ai eu la grande chance suite à mes diverses annonces via facebook de recevoir un bon nombre de candidatures, ce qui est cependant à double tranchant car le choix de mes modèles, au delà des mensurations et obligations physiques, fut forcément très subjectif, pour correspondre le plus possible à l’image que j’avais en tête pour chaque tenue, chaque robe, chaque personnage. Difficile donc de dire non à de nombreuses demoiselles déçues qui même si elles me plaisaient beaucoup, ne correspondaient pas pour ce défilé-ci, pour telle ou telle image placardée dans mon cerveau.

 

yanéka

Enfin un mot sur la musique, ou plutôt les musiciens, à savoir le duo japonais « yanéka » qui ne sont autres que mon mari et ma belle soeur. Malgré cette proximité qui peut paraître évidente, et le fait que j’étais une fan de leur musique avant même que mon mari me passe la bague au doigt, c’était la première fois que nous collaborions ensemble dans nos domaines respectifs pour un défilé, mais ce ne sera certainement pas la dernière! J’ai hâte de pouvoir vous montrer la vidéo du défilé pour que vous puissiez profiter de la fabuleuse musique qu’ils nous ont offert sur scène.

 

 

Pour en revenir au défilé en lui-même, je vous pose ici ces « quelques » lignes que j’ai écrites pour les invités du premier défilé du vendredi 20 mars qui avait lieu lors d’un dîner de gala à l’hôtel Fairmont, afin de le présenter et essayer de faire comprendre au moins l’idée générale ainsi qu’une partie de ma réflexion et de mon travail. Quand aux défilés en eux-mêmes et notre week end sur les terres monégasques, je vous en parlerai dans le prochain épisode, car ce qui était censé n’être qu’une introduction s’est transformé en de longues divagations (blâmons donc la maladie et mon cerveau embrumé!)

« Brume » – De la légende au mythe

Aussi loin que je me souvienne, aucun paysage ne m’a autant transportée que mes forêts ou mes campagnes normandes recouvertes de brume. Lorsque j’observe cette brume, c’est comme si le temps était tout à coup suspendu, que s’ouvrait sous mes yeux le passage vers un autre monde, mystérieux et onirique, où plus rien n’existe mais où tout peut arriver.
Ce sentiment adolescent, je l’ai retrouvé presque intact à l’autre bout du monde, lorsque mes montagnes japonaises recouvertes de brume semblent soudain se perdre dans les nuages.
C’est dans ce monde suspendu entre réalité et rêve, entre vie et mort, entre histoire et fiction qu’errent mes héroïnes de soie et de chiffon.
Qu’elles soient de forme humaine ou animale, couchées entre les lignes d’un conte ou d’une page d’histoire, à travers elles la croyance devient légende, la réalité devient mythe.
Sacrifiées par amour, par devoir ou par la force de l’histoire en marche, sous leur apparence fragile transparait un regard perçant de force et de majesté.
Entre mode et musique, comme un hommage à la beauté de l’éphémère devenu immortel.

Les créations Clara Maeda s’inscrivent dans une démarche proche du Costume où chaque vêtement correspond à un personnage fictif ou réel, exprime sa propre histoire, un sentiment personnel ou universel.

Tour à tour ces personnages vous feront voyager dans les contes d’Europe, à travers un bestiaire d’oiseaux légendaires et de divinités, et vous feront redécouvrir de grandes figures historiques dans un parallèle entre France et Japon

Liste des créations dans leur ordre d’apparition :
Poupée Russe et Princesse de Glace
Le Paon
Le Cygne
La Grue japonaise
Marie-Antoinette – La lettre
Marie-Antoinette – Le déclin
Elizabeth
Taira no Tokiko – The Mermaid Ghost

A très bientôt donc pour le prochain épisode chers lecteurs!

>>>Pour lire l’article « Brume » Part2 (Jour 1), c’est par ici!
>>>Pour l’article « Brume » Part2 (Jour 2), par là!

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